

Un don de la nature
Entre sculpture, dessin, architecture... La Nouvelle-Calédonie est un lieu d'échanges, de partage et de mixité inspiré par les différents peuples la constituant et par sa nature environnante.
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artistes en herbe
En Nouvelle-Calédonie, le lieu incontournable pour apprendre sur la culture locale reste le Centre Culturel Tjibaou, véritable mine d’information pour comprendre l'île.

Toutefois, l'art faisant partie intégrante de la vie des calédoniens, il peut aussi se retrouver sur les marchés dans des sculptures ou des tressages.
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Très inspiré par la faune et la flore locale, l'art calédonien, en plus de les représenter, s'en sert comme matière première dans l'élaboration des oeuvres.
Ainsi, le bambou entre dans la fabrication d’objets variés dans le Pacifique.
Il sert au quotidien sauf qu'en Nouvelle-Calédonie, celui-ci a été utilisé pour une tout autre fonction : comme support aux récits.
Il s'agit là d’une tradition assez ancienne.C’est une méthode qui principalement permettait de transmettre certains faits de génération en génération.
Les « vieux » portaient les bambous gravés et pouvaient ainsi expliquer les hauts faits ou les malheurs des ancêtres.
Essentiellement réalisés entre 1850 et 1920 par les tribus kanakes de Nouvelle-Calédonie, ces bambous décorés avec des motifs géométriques étaient gravés à l'origine avec des pinces de crustacés ou des éclats de pierre, puis passés au noir de fumée ou à la noix de bancoule.
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Localisés surtout dans le nord de la Grande Terre et principalement à Canala, ces gravures expertes racontent la civilisation traditionnelle et sa rencontre avec celle qui vint d’Europe sur des pirogues à voiles gigantesques. Ils servaient de bâtons pour les chefs ou les anciens, mais aussi d'objets protecteurs lors des voyages car des herbes magiques ou médicinales étaient introduites à l'intérieur.


Cette hache ostensoir selon la plupart des auteurs était utilisée lors de discours ; il s'agirait d'une sorte de casse-tête de parade brandi par le chef qui parlait.
Il semble aussi que ces objets circulaient lors des échanges entre les aînés des grands lignages.
Avec le temps, la hache-ostensoir a pu devenir un cadeau emblème pour les administrateurs coloniaux.
Cette hache dispose ainsi d'un disque taillé dans la jadéite dont le manche est couvert de cordonnets de poils de roussette teints en rouge.
La base du manche est constituée d'une demi-noix de coco recouverte de tissu d'écorce battue, présentant un très bel entrelacement des cordonnets.
À l'intérieur, sont enfermés des graines, des coquillages qui transforment la hache en un instrument efficace pour faire du bruit et ponctuer le discours de tel orateur prestigieux qui l'aurait en main. Les coquillages sont là encore pour rappeler sa préciosité.
Le tapa est un tissu d'écorce, une étoffe végétale obtenue par la technique de l'écorce battue, fabriquée dans les îles du Pacifique.
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Ainsi, l'écorce prélevée en bandes est mise à tremper pendant deux ou trois jours pour l'assouplir, puis grattée de façon à ne conserver que le liber. Elle est ensuite battue sur un tronc d'arbre dur servant d'enclume à l'aide d'un battoir de section carrée aux faces gravées de rainures dont la finesse augmente selon la face. Durant l'opération, l'écorce est repliée plusieurs fois sur elle-même afin d'obtenir l'épaisseur souhaitée.
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Traditionnellement, les étoffes étaient surtout utilisées à l'état naturel, certaines étaient teintes en jaune ou en rouge à l'aide de teintures à base de plantes.
Les kanak de Nouvelle-Calédonie connaissent deux types de tapa (awa), le blanc provenant du mûrier à papier (Broussonetia papyrifera), le tapa brun provenant du banian (ficus) ou de l'arbre à pain , tous deux utilisés dans les coutumes.
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Aujourd'hui, celui-ci a été remplacé lors des coutumes par un tissu mais est parfois utilisé de manière détournée et artisanale dans la conception de sacs tressés ou de portes-feuilles.





Tresser les joncs, les tiges d’aloès, de bourao, de pandanus ou des cocotiers est une tradition , partout dans le Pacifique .L’usage de ces travaux féminins est courant dans la vie quotidienne : porter un chapeau en fibres, transporter des objets dans un sac tressé en feuilles de cocotier ou dans un panier de fibres variées sont choses courantes.

En ce qui concerne l'essentiel de l'art en Nouvelle-Calédonie, il s'agit de la sculpture traditionnelle. Elle est notamment liée à l'espace architectural de la grande case et porte essentiellement vers la représentation des ancêtres et la symbolique des clans.
Le corps stylisé, et tout particulièrement le visage ainsi que le nez souvent surdimensionné, la mort mais aussi les animaux font partie des principaux thèmes iconographiques.
Le matériau support est le bois (de houp qui a une valeur sacrée, le santal ou le gaïac, par exemple), coupé au feu ou à l'aide d'herminettes, taillé avec des morceaux de quartz aigus, poli avec du sable de rivière, des feuilles ou des écorces râpeuses et finalement teinté et ciré à l'aide des sèves et sucs d'arbre.

un foyer communautaire
En terme d'architecture traditionnelle kanak, existe la case, véritable symbole de l'organisation de la société.
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Elles peuvent être de plusieurs types donc revêtir plusieurs fonctions:
à la fois lieux de cérémonies ou de palabres, d'habitat ou de stockage.
Ces cases, souvent de forme ronde, représentent un espace collectif de vie, propice aux palabres, aux échanges et au maintien d'un esprit communautaire.
Leur implantation incarne les lignées sous la protection des ancêtres et les effigies de ces gardiens sont omniprésentes dans la construction.
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Avec un toit conique, elles offrent souvent une forte pente pour permettre l'écoulement des eaux de pluie, tandis que la forme aérodynamique générale de l'édifice permet une forte résistance aux vents violents quelle que soit leur direction.
Sa construction n'utilise que des matériaux naturels à base de végétaux :
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Les murs et la « pré-couverture » du toit sont en peau de niaouli (élément particulièrement étanche). Parfois dans certaines régions, ils peuvent être faits avec du pandanus ou du cocotier.
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La couverture du toit en paille constitue un bon isolant qui permet de maintenir une température ambiante constante et douce tout au long de l'année, même en période de fortes chaleurs.
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Les attaches de la structure avec des lianes rendent l'édifice flexible donc résistant aux intempéries.
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Les autres éléments importants tels que la flèche faîtière, le poteau central, les poteaux de tour de case, le chambranle, le linteau de la porte sont en bois de houp (arbre endémique à la Nouvelle-Calédonie, séculaire, représentant l'origine des clans et dont le bois est sacré).


De plus, il est à noter que dans la culture kanak, chacune des pièces sculptées a une symbolique particulière :

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la flèche faîtière, qui domine la case, représente le « frère aîné », à savoir le chef de clan, ou, aux Îles Loyauté, le grand chef du district, et se compose d'un visage central, d'un tronc pied qui la rattache au sommet de la case et d'une partie supérieure qui représente la spécificité du clan (percée d'une toutoute souvent pour les clans dits « de la mer », surmontée sinon d'un animal totémique ou d'une coiffe particulière). Elle est enlevée lorsque le « frère aîné »/grand-chef meurt et remplacée par celle de son successeur.
Elle est devenue aujourd'hui l'un des principaux emblèmes de l'identité kanak.
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le poteau central, qui supporte la structure, c'est contre lui que s'adosse le « frère aîné »/grand-chef et autour s'assoient ses « cadets » (chefs des clans qui composent le district aux Îles Loyauté ou des lignées mineures d'un clan). Il est souvent sculpté, avec des images retraçant l'histoire orale du clan ou le symbolisant. Entre lui et l'entrée est aménagé, à même le sol, un foyer qui a une double fonction : réchauffer l'intérieur durant les moments les plus frais de l'année mais aussi préserver l'ossature et le bois contre le pourrissement et les termites grâce à la fumée ;
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les poteaux de tour de case représentent les clans/lignées « cadettes » dépendant de celui du grand-chef/« frère aîné » : ils rappellent ainsi qu'ils sont le support de l'unité du district/clan, et que sans eux celui-ci s'effondre. Ils comprennent généralement un visage central ;

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​​les chambranles, qui entourent la porte, symbolisent les esprits protecteurs du district/clan dont le visage est représenté ;
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le linteau de la porte est placé bas, à environ 1,50 m du sol, obligeant les visiteurs à s'incliner en signe de respect lorsqu'ils pénètrent dans la case.

D'ailleurs, créée par Renzo Piano, l'architecture du Centre culturel Tjibaou reprend d'une manière plus moderne et stylisée la forme des cases traditionnelles kanakes.


A côté de cela, à partir du milieu du XIXe siècle, la colonisation de peuplement a permis le développement d'un autre style architectural résidentiel particulier dit des « maisons coloniales » qui se retrouve, avec certaines variantes, dans d'autres anciennes colonies françaises ou anglo-saxonnes.
Bien que de factures variables, elle offre généralement un certain charme et un élément identitaire important pour les populations locales, notamment d'origine européenne ou Caldoches, qui poussent pour leur préservation.
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Toutefois, les intempéries (notamment les cyclones), l'usure (rouille des toits, pourrissement et attaque de termites sur les éléments en bois) ou divers projets immobiliers ont entraîné la disparition de la plupart de ces maisons.
Certains sites ont toutefois survécu aux éléments et aux Hommes comme l'ancienne Banque Marchand ou Ancienne Mairie, la Maison Cellières du Faubourg Blanchot, le « château Hagen » ou encore le bâtiment historique de la clinique Magnin à la Vallée des Colons pour Nouméa et le « Château Grimigni » à Pouembout.